Le 8 juin 2021

Personne de contact : Louise NIKOLIC (louise.nikolic@interfede.be)

Nouvel arrêté du gouvernement wallon pour les CISP : l’Interfédé s’est fait entendre !

De 1974, date de la création des premières futures EFT/OISP au nouvel arrêté du Gouvernement wallon de ce 1er avril 2021 (moniteur belge du 9 avril), l’histoire de notre secteur est synonyme de multiples transformations, à la fois sur le plan organisationnel, structurel et réglementaire. La réglementation, qui encadre et régule l’activité et les missions des CISP, a connu en effet quelques modifications importantes depuis le décret du 10 juillet 2013 relatif aux centres d’insertion socioprofessionnelle. Ces modifications, marquées par l’empreinte de deux majorités gouvernementales successives et distinctes, ont fait l’objet d’une attention particulière de la part de l’Interfédé qui n’a cessé, tout au long des débats avec l’exécutif, de défendre les valeurs du secteur de l’insertion socioprofessionnelle et d’attirer l’attention sur les enjeux auxquels il est confronté. Aujourd’hui, le nouvel arrêté qui régule l’action des CISP (lien) fait en grande partie écho aux demandes de l’Interfédé et offre sur tous les aspects des avancées importantes par rapport à l’AGW précédent. Ceci est à souligner d’autant plus que notre secteur n’a pas toujours été entendu et qu’il a connu, selon les interlocuteurs en présence, des fortunes diverses sur le plan du dialogue et de la concertation. Retour sur deux périodes récentes charnières pour la réglementation des CISP.

2014-2019 : Un changement de majorité gouvernementale qui place notre secteur sous tensions

L’arrêté du 15 décembre 2016, qui portait à exécution le décret du 10 juillet 2013 relatif aux centres d’insertion socioprofessionnelle, a été modifié par un nouvel arrêté du 29 avril 2019. Ce projet de nouvel arrêté, porté par le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Pierre-Yves Jeholet, visait notamment une mise en conformité avec le décret sur le plan du contrôle financier. Le ministre, nouvellement nommé à la suite d’un changement de majorité en cours de législature (pour rappel, en 2017, le Gouvernement Magnette est remplacé par le Gouvernement Borsus) a voulu également modifier en profondeur un décret et son AGW qui n’étaient pourtant d’application que depuis 18 mois et qui n’avaient pas encore fait l’objet d’une évaluation. Les modifications qui se sont limitées à l’arrêté, ont quelque peu recadré l’action des CISP (heures assimilées, stages, taux d’insertion), imprimant également une autre orientation à l’action pédagogique de nos centres.

Soumis en 1ère lecture au Gouvernement wallon le 16 novembre 2018 puis en 2ème lecture le 14 mars 2019, l’avant-projet d’arrêté n’a fait l’objet d’aucun avis du Conseil d’Etat, la raison évoquée étant une surcharge de travail. Dès lors, le projet d’arrêté soumis en 3ème lecture n’était guère différent du texte soumis en 2ème lecture. Même si grâce aux propositions formulées par notre secteur, certaines modifications ont été apportées entre la 1ère et la 2ème lecture, l’arrêté adopté par le GW reste très insatisfaisant pour le secteur. Il faut souligner que sur ce dossier, comme sur beaucoup d’autres, l’Interfédé a entamé plusieurs démarches et pris un certain nombre d’initiatives : remise de plusieurs avis d’initiatives, participation à de nombreuses réunions, rédaction de divers courriers, actions de sensibilisation, participation à certaines manifestations, etc. Notre persévérance dans la négociation nous aura permis d’obtenir la possibilité de réévaluer, en cours d’année, l’article relatif aux heures assimilées (voir ci-dessous). Finalement adoptée en 3ème lecture par vote électronique en date du 29 avril 2019, la version définitive de l’arrêté contenait principalement les éléments techniques suivants :

Les heures assimilées

Elles sont plafonnées à 15 % des heures prestées par le centre et à 15 % des heures de formation effectivement suivies par le stagiaire, avec une dérogation à 25 % pour 10 % de stagiaires. C’était pour nous une double contrainte qui était inopérable pour les centres. Une évaluation de la mise en œuvre des mesures liées aux heures assimilées a été fixée au second semestre 2020 afin de permettre une éventuelle adaptation de l’arrêté. L’application des taux définis pour les heures assimilées était entrée en vigueur au 1er janvier 2020.

Les stages

Le stage d’acculturation doit avoir lieu dans le premier tiers du programme de formation (sauf dans les filières d’orientation), avec une dérogation pour 15 % des stagiaires qui peuvent le réaliser après le premier tiers. Le stage de formation professionnelle doit avoir lieu dans une entreprise qui n’appartient pas à la même unité technique d’exploitation que le centre et qui n’est pas elle-même un centre de formation, avec une dérogation pour 15 % des stages qui peuvent se faire dans un centre de formation.

Le taux d'encadrement

Le personnel n’intervenant pas dans le calcul du taux d’encadrement ne peut représenter plus de 40 % de l’effectif affecté totalement ou partiellement à l’agrément CISP.

Le contrôle

Le contrôle financier des CISP doit être réalisé exclusivement par l’Inspection sociale (à la place du Forem) dans l’objectif d’une mise en conformité de l’arrêté avec le décret CISP. Ce transfert du contrôle financier devra s’accompagner de l’application du guide des dépenses éligibles. L’objet du contrôle n’est pas défini de manière exhaustive. À noter que l’inspection, en vertu du décret dit « Inspection » voté en 2019, garde un large pouvoir. Les articles relatifs à l’inspection sociale rétroagiront au 1er janvier 2019.

Le subventionnement

Suppression du caractère forfaitaire de la subvention CISP. Interdiction du financement d’heures stagiaires supplémentaires (au-delà des heures agréées) par le biais des APE (aide à la promotion de l’emploi) dits résiduaires.

Le contrat pédagogique

Le programme individuel du stagiaire doit être élaboré dans les 30 jours après le début de la formation.

Le dossier individuel

Obligation d’indiquer les résultats en matière d’insertion dans l’emploi ou dans une formation qualifiante. Ce point était problématique dans la mesure où il induisait une obligation de résultat pour les CISP.

2019-2024 : Une nouvelle majorité et davantage de reconnaissance pour notre secteur

Avec un nouveau Gouvernement en place, la législature suivante commence sous de meilleurs auspices pour le secteur des CISP. La nouvelle ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Christie Morreale, réagit positivement aux demandes du secteur et de l’Interfédé en affichant d’emblée sa volonté de modifier l’AGW CISP. Le 3 décembre 2020, un projet de nouvel arrêté est soumis en 1ère lecture au Gouvernement wallon. Le texte passe en 2ème lecture le 18 février 2021 avant d’être proposé, en 3ème lecture, le 1er avril 2021. Publié au Moniteur Belge le 9 avril 2021, ce nouvel arrêté apporte trois modifications importantes :

Les heures assimilées

Conformément à la demande du secteur et à la suite de l’évaluation du Service public de Wallonie (SPW) qui conclut à son inapplicabilité, le double plafond de 15% d’heures assimilées avec des dérogations possibles pour 10% des stagiaires qui avait été introduit par l’AGW du 29/04/2019 et qui était d’application depuis le 01/01/2020 est supprimé rétroactivement au 01/01/2020, de sorte que cette règle du double plafond n’aura finalement jamais dû être appliquée par les CISP. Par ailleurs, sur suggestion de l’Administration, il devient possible d’ajouter des absences pour cas de force majeure à l’appui d’un justificatif. Cette possibilité est d’autant plus importante dans le cadre de la crise sanitaire qu’elle permet de garantir les heures de formation des centres pendant cette période exceptionnelle en couvrant, d’une part, les absences des stagiaires par un certificat de quarantaine liée à la Covid-19 mais aussi, d’autre part, les quarantaines sans certificat au cas où un centre décide lui-même de se mettre en quarantaine. Dans ce cas, les stagiaires ne doivent pas tous consulter un médecin pour obtenir un certificat de quarantaine puisqu’une attestation du centre suffit, ce qui permet également d’alléger la charge des médecins.

Attestation de fin de formation et projet post-formation

L’article 10, alinéa 4 de l’arrêté est remplacé par ce qui suit : « Au terme de la formation, le centre complète l’attestation de fin de formation, dont les modèles sont établis par l’Administration, reprenant la durée de la formation et les compétences acquises par le stagiaire. Il remet également au stagiaire une synthèse de son projet post formation. ». Notons que cette modification fait suite aux recommandations du Programme d’Appui aux Réformes Structurelles (projet PARS – reconnaissance des acquis d’apprentissage). Concrètement, deux documents distincts sont donc prévus dans la réglementation. Au terme de la formation, le centre est tenu de compléter un modèle d’attestation reprenant la durée de la formation et les compétences acquises par le stagiaire, ce qui permet à ce dernier de l’utiliser lorsqu’il se présente chez un autre opérateur ou un employeur. De nouveaux modèles d’attestation de fin de formation, par catégorie de filières, doivent être élaborés par l’Administration, en concertation avec le secteur des CISP. Dans l’attente, les CISP peuvent continuer à utiliser leur attestation actuelle.

Résultats en matière d’insertion

Depuis la modification de l’AGW en date du 29 avril 2019, les CISP étaient soumis à une obligation de forme difficile à satisfaire, à savoir la production d’un document probant sur la situation du stagiaire trois mois après sa sortie de formation, ce qui limitait très fortement les résultats pouvant être renseignés par les CISP puisqu’ils ne pouvaient pas obliger un ancien stagiaire à fournir ces documents. Par ailleurs, le Forem n’était pas non plus en capacité de fournir une telle information. La disposition est donc revue afin de rendre l’obligation de forme effective et permettre aux CISP de pouvoir utiliser l’information déclarative du stagiaire ainsi que les informations dont le Forem dispose. L’AGW prévoit désormais que le centre doit joindre au dossier stagiaire : « Les résultats en matière d’insertion dans l’emploi ou dans une autre formation, dans les trois mois de la fin de la formation, communiqués par le stagiaire, à la demande du centre. Complémentairement, pour les stagiaires ayant conclu un contrat de formation avec l’Office, les résultats d’insertion sont communiqués au centre, par l’Office, semestriellement ».