D’aucuns se demandent parfois ce que font les 156 CISP répartis sur le territoire wallon. Et de répondre d’eux-mêmes que leur action est redondante et inefficace. Pourtant, grâce à leur implantation en Wallonie, les CISP incarnent une dynamique territoriale forte, permettant à la fois l’inclusion sociale, la création d’emplois et le renforcement du tissu associatif et économique.
Ancrés dans leur territoire, les CISP s’appuient sur une connaissance fine des réalités locales. Urbaine ou rurale, leur implantation leur permet d’agir au plus près des publics qu’ils visent. Ceci commence dès la demande d’agrément, laquelle doit répondre aux réalités du marché du travail ainsi qu’aux besoins en offre de formation, sous recommandation de l’Instance Bassin sous-régionale. L’étape de l’agrément passée, c’est toute une dynamique locale qui se déploie.
Un maillage partenarial solide au service des territoires
Loin d’agir en silo, les CISP s’intègrent dans des réseaux d’acteurs locaux, en tissant une toile riche de partenaires en genres : communes, CPAS, Régies de quartier, Carrefours et Cités des métiers, associations de promotion de la santé, centres régionaux d’intégration et FEDASIL, banques alimentaires, ressourceries, centres culturels… Sans oublier les entreprises et indépendants qui accueillent des stagiaires, en stage ou à l’emploi, les fournisseurs et partenaires économiques, etc.
De nombreux exemples de ces partenariats ont déjà été présentés en ces pages par le passé. Ce qu’ils illustrent, c’est une action multidisciplinaire et une approche communautaire et intégrée de l’accompagnement des publics. Et, non contents de prendre une part active au tissu local, les CISP font parfois naître eux-mêmes des écosystèmes au départ de leur action. Accueillant des publics qui expriment une multitude de besoins, parfois peu ou mal rencontrés par les acteurs préexistants, ils développent eux-mêmes des services et des structures liées à leur activité : épicerie sociale, espace public numérique, logement, mobilité partagée… La Calestienne et son Pôle Beaurinois de formation et de développement et Le Cortil au sein du Cortigroupe sont deux illustrations notoires de cette dynamique territoriale qui prend naissance au départ de l’activité CISP. Ainsi, retenons ceci : “il n’existe pas deux CISP identiques : c’est dans l’articulation avec leurs partenaires locaux que l’identité de chaque CISP se modèle. Les CISP sont toujours à envisager à travers le prisme de leur interaction continue avec leur écosystème socio-économique”. (1)
Il n’existe pas deux CISP identiques : c’est dans l’articulation avec leurs partenaires locaux que l’identité de chaque CISP se modèle.
Des leviers d’emploi et d’économie sociale
Et le poids socio-économique de nos structures est à relever, certainement au niveau local. En effet, les CISP collaborent avec toutes sortes de parties prenantes pour identifier les besoins locaux et développer des solutions adaptées, renforçant ainsi le tissu social, environnemental et économique des communautés.
Ainsi, l’économie sociale (ES), dont se revendiquent les CISP, représente un emploi salarié sur 7 en Région wallonne ! (2) Notre secteur en est un acteur non négligeable, en ce sens qu’il représente 15% de l’emploi d’économie sociale.
En outre, il semble ici nécessaire de préciser que l’ES est présente de manière constante sur tout le territoire, contrairement à l’économie conventionnelle. Ceci signifie que nos structures se développent et s’ancrent dans des territoires autrement délaissés. En effet, les chiffres récents de l’Observatoire de l’Économie sociale montrent que les structures d’ES emploient plus de personnes issues de communes avec de plus faibles revenus moyens que l’économie conventionnelle. Quand cette dernière se développe davantage dans les communes à fort taux d’emploi et à revenus élevés, l’ES a une présence non-discriminante dans toutes les communes, contribuant à réduire les inégalités en assurant une répartition homogène des emplois. (3)
Cette donne est d’autant plus vraie pour les structures d’économie sociale d’insertion, comme nos CISP. Tantôt accueillant des travailleurs en insertion directement en interne (Article 60, SINE…), d’autres fois à l’origine de structures dédiées (IDESS, entreprises d’insertion, coopératives, …), les CISP font preuve d’un développement proactif pour offrir de l’emploi à des publics qui ne parviennent pas à se faire une place dans l’économie classique.
Les CISP sont des acteurs de développement local. Ils mettent en place des projets novateurs, alternatifs en complémentarités avec d’autres acteurs présents sur le territoire…
Ancrés localement, résolument !
L’action des CISP est définitivement une action à taille humaine. Leur étendue d’action à travers la Wallonie permet leur accessibilité à tout un chacun, et certainement à celles et ceux qui en ont le plus besoin.
Depuis toujours, les CISP sont des projets pensés et ancrés localement. À leur échelle, ils œuvrent à revitaliser des endroits parfois désertés. “Les CISP sont des acteurs de développement local. Ils mettent en place des projets novateurs, alternatifs en complémentarité avec d’autres acteurs présents sur le territoire pour mieux répondre aux besoins de nos publics” (4). Leur capacité à innover et à s’adapter est cruciale pour garantir leur pérennité et leur impact social.
Acteurs d’économie sociale, moteurs de transition, catalyseurs d’insertion : bien plus que de simples centres de formation, les CISP sont gage d’innovation sociale, où l’action d’insertion devient un levier de transformation des territoires.
Par Salima Amjahad, Permanente pour la fédération AID
[Cet article provient de l’essor n°111]
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(1) : Lambeau C., « Le secteur des CISP comme réseau de développement local », Essor, n° 80, 2017, p. 15.
(2) : Observatoire de l’économie sociale, “État des lieux 2023”, 2025, p.10
(3) : Observatoire de l’économie sociale, “État des lieux 2023”, 2025, p.12.
(4) : Lulling A-H., Éditorial de l’Essor n°80 “Les CISP, acteurs de développement local”, 2017, p.3