Récemment, les CISP se sont retrouvés au cœur d’un débat autour du concept de “sortie positive”. À partir de quand peut-on affirmer que le passage en CISP a été bénéfique ? Vaste question. Doit-on se limiter à prendre en considération les stagiaires qui ont trouvé du travail ou ont poursuivi leur parcours dans une formation qualifiante ? En tout cas, réduire l’impact des CISP à des statistiques serait une erreur. Car leurs apports ne sont pas toujours démontrables dans des chiffres.
Aujourd’hui, le mantra politique est celui de l’efficacité et du résultat.
Oui, les défis en termes de mise à l’emploi sont colossaux. Et il ne suffit pas de “traverser la rue” ou “d’apprendre à se lever le matin” pour trouver du boulot. Si c’était le cas, de nombreux stagiaires qui – comme vous le découvrirez dans ce dossier – ne manquent pas de courage et d’énergie dans leur parcours d’insertion, auraient déjà trouvé du travail.
La réalité est beaucoup plus complexe. L’insertion peut demander du temps. Avant de décrocher un emploi ou d’entrer en formation qualifiante, il faut parfois d’abord apprendre à lire et écrire, trouver une solution de mobilité, parvenir à (re)trouver confiance, construire un projet, développer les compétences qu’attendent les entreprises…
C’est là que les CISP jouent un rôle essentiel. Ils accompagnent les personnes éloignées de l’emploi en partant de leurs besoins, en considérant leur contexte et réalité propres, ils leur permettent de monter en compétences, de se (ré)insérer socialement. Mais surtout, ils agissent comme un mousqueton : celui qui empêche de décrocher du parcours d’insertion.
Et chaque emploi obtenu est une réussite, bien sûr ! Et que dire de celles et ceux qui, après leur passage en CISP, ont résolu un problème majeur, ont trouvé une solution de garde pour leur enfant, appris à travailler en équipe, stabilisé leur logement, repris confiance en eux… ? Ce sont aussi des victoires !
Les CISP forment, orientent, professionnalisent. Mais surtout, ils rendent possible un projet, une trajectoire. Ils aident chacun de leurs stagiaires à (re)trouver une place, sa place, à son rythme, en adéquation avec sa réalité. Et les CISP le voient tous les jours, depuis des décennies : le temps accordé à ce travail patient ancre leurs succès dans la durée.
HUGO ROEGIERS, Responsable analyses et plaidoyer à l’Interfédé

