Le 9 mars 2022

Un prêt de 4.000 ordinateurs pour les stagiaires des CISP

Initiée dans le cadre du Plan de sortie de la pauvreté et portée par le Gouvernement wallon, la mesure « Coup de pouce digital » a permis, sur proposition du Ministre-Président, Elio Di Rupo, et avec l’appui de la ministre de l’Emploi, Christie Morreale, de dégager une somme de quatre millions d’euros à destination des centres d’insertion socio-professionnelle (CISP) afin de lutter contre la fracture numérique mais aussi, dans le contexte de crise sanitaire actuel, de permettre aux stagiaires des CISP de suivre leur formation à distance et, in fine, de favoriser de manière générale la mise à l’emploi de publics plus précarisés (pour lire l’AGW du 19/11/2020, cliquez ici).

Concrètement, cette mesure a pour objectif de soutenir les publics les plus précarisés en accordant aux CISP des moyens financiers leur permettant, d’une part, d’acquérir des ordinateurs portables pour équiper leurs stagiaires sous forme de prêt (une première enveloppe de 3,25 millions d’euros est destinée à l’achat de plus de 4.000 ordinateurs ainsi que divers accessoires comme une souris, une sacoche de transport ou encore une housse de protection) et, d’autre part, grâce à une seconde enveloppe de 750.000 euros, de proposer un accompagnement à l’utilisation du matériel informatique avec une formation de base à l’entretien de l’ordinateur portable et à sa manipulation ainsi qu’une formation relative aux ressources utiles aux stagiaires : sites de recherche d’emploi, démarches administratives, etc.

Coordonner et soutenir les centres dans la mise en œuvre de la mesure

Afin de coordonner la mise en œuvre de la mesure, l’Interfédé a mis en place un groupe de travail (GT) qui réunit les cinq fédérations : Actions Coordonnées de Formation et d’Insertion (ACFI) ; Actions Intégrées de Développement (AID) ; Association Libre d’Entreprises d’Apprentissage Professionnel (ALEAP) ; Concertation des Ateliers d’Insertion Professionnelle et Sociale (CAIPS) ; Lire et Ecrire en Wallonie (LEEW). Une plateforme de partage de documents entre fédérations a été créée et une FAQ qui mutualise les différentes questions opérationnelles des centres et les réponses apportées par le SPW a été réalisée.

La mesure a démarré le 1er novembre 2020 et devait initialement se terminer au 1er juin 2021. La mesure a été prolongée jusqu’au 30 novembre 2021 (pour lire l’AGW de prolongation de la mesure, cliquez ici) à la demande de l’Interfédé et suite aux difficultés relayées par les centres dans la mise en œuvre de la mesure en raison notamment de la crise sanitaire, des délais de livraison du matériel informatique et de la difficulté d’organiser un accompagnement dans ces conditions.

L’Interfédé au pilotage de l’évaluation de la mesure

L’Interfédé, en collaboration avec les fédérations, a mené une évaluation de la mesure Coup de pouce digital. Afin de réaliser cette évaluation, deux méthodes ont été mobilisées : un questionnaire adressé aux centres (avec des questions fermées/ouvertes) et la mise en place de focus groupes stagiaires ayant bénéficiés du prêt de l’ordinateur et/ou de l’accompagnement.

Outre une adhésion massive des centres à la mesure, cette évaluation tant quantitative que qualitative a pu démontrer les nombreux impacts de la mesure sur les stagiaires et sur les CISP ainsi que l’importance d’assurer la continuité du financement de la mesure.

Consulter le rapport final d’évaluation dans son intégralité

 

Les principaux enseignements de la mesure peuvent être résumés comme suit :

L’impact sur les CISP
  • Une adhésion massive des centres à la mesure : 95% des CISP ont participé à la mesure ;
  • Les délais de mise en œuvre de la mesure étaient pour certains trop courts;
  • Les centres ont dû opérer de nombreux ajustements pour intégrer la mesure dans leurs activités entrainant une charge administrative, logistique, technique ;
  • Avoir un parc informatique cohérent et uniforme à destination des stagiaires est un atout positif pour l’organisation des formations.
L’impact sur les stagiaires
  • Importance de l’accompagnement par un formateur en qui les stagiaires ont confiance pour lever les craintes ;
  • Evolutions dans l’usage du numérique : démarches liées à la formation, démarches personnelles et officielles avec plus de confidentialité, création de contenus, etc. ;
  • Impacts psychosociaux : autonomie et émancipation, confiance et estime de soi, sentiment de valorisation. On constate une plus grande motivation des stagiaires, ce qui facilite l’accroche et la participation des stagiaires à la formation ;
  • Impact sur la dimension professionnelle: rédaction de CV et lettre de motivation, comment rechercher un emploi et où consulter des offres d’emploi, etc. ;
  • Effet démultiplicateur de la mesure par la formation CISP et l’accompagnement individualisé ;
  • Difficultés pour les stagiaires à se projeter dans l’après mesure lorsqu’ils devront rendre l’ordinateur.

 

Proposer des recommandations pour lutter contre la fracture numérique…

En lien avec le Plan d’inclusion de tous les Wallons pour la réduction de la fracture numérique, l’intérêt de l’évaluation de la mesure Coup de pouce digital réside également dans le fait d’analyser ses effets sur la réduction de la fracture numérique du public CISP et de proposer des recommandations ou pistes d’actions aux pouvoirs publics.

Une prolongation de la mesure Coup de pouce digital souhaitable et souhaitée :
  • Afin de consolider et pérenniser les nombreux impacts positifs de la mesure sur les stagiaires et pour les CISP et de toucher de nouveaux stagiaires, importance d’assurer la continuité du financement de la mesure dans un objectif de lutte contre la fracture numérique, et spécifiquement pour la prise en charge des coûts et la charge de travail que représentent la maintenance, le stockage, la logistique, la mise à jour et le remplacement des ordinateurs portables mis à disposition des stagiaires CISP ;
  • Afin de répondre aux besoins en formation des stagiaires, une piste qui nous parait incontournable est l’articulation avec la réforme du PMTIC. Nous suggérons plus particulièrement que les moyens prévus pour le PMTIC dans le Plan de relance wallon puissent également être utilisés pour favoriser les collaborations et partenariats entre les CISP et les centres PMTIC, notamment pour faciliter les formations concomitantes ou passerelles entre CISP et PMTIC.

… et maintenir la priorité de la formation en présentiel !

En pilotant cette évaluation, l’Interfédé témoigne de son adhésion à la mesure dans l’optique d’une implication volontaire des CISP dans la lutte contre la fracture numérique qui touche particulièrement leurs publics. Néanmoins, parallèlement à cette réelle préoccupation et aux objectifs poursuivis par la mesure Coup de pouce digital, rappelons que l’Interfédé est tout particulièrement attentive à la nécessité d’offrir aux stagiaires des CISP un environnement propice à l’apprentissage qui repose sur une pédagogie particulière, peu adéquate avec la formation à distance. Dans ce contexte, la formation en présentiel reste et restera une des priorités du secteur !