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Faire mieux avec moins. Un slogan qui semble avoir le vent en poupe. Pas une semaine sans le lire dans un article, l’entendre dans une interview à la radio. Une formule à la mode. Une mode plutôt vintage. Un habitus sectoriel. Mais attention au point de rupture.

Efficacité, innovation, durabilité et capacité d’adaptation sont des pratiques en œuvre depuis longtemps dans notre secteur. Des pratiques qui se réinventent sans cesse, dans le cadre d’évaluations, d’amélioration continue ou encore de projets innovants. Dans ce numéro, vous pourrez découvrir la richesse et le caractère fécond de notre offre de formations ou encore des projets collectifs menés par nos CISP comme le Forma Day. “Faire mieux”, on le fait déjà !”

Ce faisant, nos centres doivent également faire preuve d’ingéniosité pour nouer les deux bouts. Alors, s’il faut encore réduire, réduire quoi ? Les charges ? Les subventions ? Le nombre d’heures de formation ? Le nombre de filières ? Le coût par stagiaire ? Le nombre de stagiaires ? Le nombre de CISP ? S’il faut sélectionner, sélectionner quoi ? Les “meilleurs” CISP ? Les filières qui drainent le plus de stagiaires ? Les stagiaires avec le plus de “capabilités” ? Réduire à en perdre notre offre de services, la plus-value de notre travail, notre identité sectorielle ? “Avec moins”, ça non !

Sous couvert de l’atteinte de l’objectif européen des 80% de taux d’emploi, notre nouveau gouvernement pratique une “politique des preuves”, basée uniquement sur des chiffres et des évaluations statistiques, niant l’intuition et l’expertise du terrain. Cependant il faut être vigilant : suivant l’analyse et la présentation, ces chiffres peuvent dire tout et son contraire. Renforcer ou discréditer. C’est là, la puissance des chiffres et leur capacité à transformer des données brutes en arguments politiques convaincants. Une façon de faire à dénoncer. Or, nous ne voulons pas voir notre secteur réduit à ces seules abstractions mathématiques. Derrière ces chiffres, quels qu’ils soient, se racontent des histoires, se cachent des singularités, se déploient une multitude de situations, de processus, de freins et de causes que seule la connaissance fine du terrain permet de comprendre.

C’est pourquoi, au-delà de l’infographie de l’Interfédé qui communique les données pertinentes sur notre secteur, vous découvrirez également, dans ce numéro (l’essor n°111), divers articles qui témoignent de la diversité de notre secteur, preuves de réponses adaptées aux besoins locaux. Des analyses qui tentent de cerner les motivations de nos publics, qui expliquent les processus pédagogiques relatifs à l’andragogie, qui mettent sous les projecteurs l’innovation, la créativité et l’intuition du terrain. Dans nos partenariats, projets, mutualisations de ressources, engagements, … Une focale sur l’essentiel. Autant d’axes de travail qui montrent que nous faisons déjà “mieux avec moins”.

Alors faire “encore plus” “mieux avec moins”, non. Dans ce contexte où l’insertion socioprofessionnelle est au carrefour de réformes, où les moyens publics sont rares, nous estimons qu’il reste urgent d’investir dans notre secteur et non pas de réduire son enveloppe. Et si nous considérons qu’il y a là une opportunité de questionner à nouveau nos pratiques, il s’agit également de réaffirmer nos missions, expertises et plus-values. Les CISP sont des leviers d’investissements publics à mobiliser pour mettre en place une réelle politique d’inclusion. Nous souhaitons communiquer et œuvrer à construire notre vision d’une politique d’insertion engagée. Car nous avons des propositions à partager et à débattre !

Par Anne Remacle, Présidente de l’Interfédé

 

[Cet article provient de l’essor n°111]

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